J’ai fait toutes sortes de jobs dans ma vie. À l’époque, je suis hôtesse dans l’événementiel. À ce moment dans mon récit et pour la troisième année consécutive, j’ai la chance de travailler dans un endroit extraordinaire, un lieu mythique dans Paris : Roland Garros. J’ai décidé de bousculer mon quotidien pour rendre justice à mes greffes et aux personnes qui m’ont fait don d’un organe.
Pourquoi la tv-réalité ne peut-elle pas servir à la sensibilisation et au sujet des dons (par exemple) ? Depuis 6 mois, j’ai eu l’idée un peu folle de tenter ma « chance » pour intégrer le programme de Secret Story 10. Si au début je n’y crois pas, j’ai la trouille ! Mais au cours des différents paliers franchis, je sais que je ne ferai marche arrière sous aucun prétexte, ah ça non !
Cette année là, Roland est particulièrement pluvieux et moi j’ai souvent la tête ailleurs. Ah la vie d’artiste ! Je suis à l’entrée du village, je revêts mon habit de « lumière » – qui n’est autre qu’un pantalon à pois bleus et un chemisier blanc – dans lequel je fonds comme neige au soleil puisque ce jour-là, étonnamment, il fait beau. Planning sous le bras, talkie walkie à la ceinture, oreillette branchée : intérieurement je me marre, ce petit style me donne encore plus l’impression d’être en mission.
Mon téléphone se met à vibrer dans la poche de mon chino, je tressaille. Je suis aux aguets depuis plusieurs jours puisque je suis sans nouvelles de la prod’. Dans cette histoire de coeur, alors que nous avons commencé nos rendez-vous romantiques depuis quelques temps déjà, c’est bien la première fois que je n’ai pas d’appel ou de message : « ça puire messire ! ». Discrètement, je jète un oeil sur l’écran où je découvre le texto d’Eléonore qui me demande de la rappeler expressément !
Je sens mon coeur battre jusque dans mes tempes, allez, zen Athé !
Je m’éclipse prétextant un besoin physiologique, et je cours me planquer pour la rappeler. Je suis là, derrière de grandes portes en bois dans un petit coin sous les escaliers, sorte de placard « Harry Potter », version moins héroïque et sans la baguette, certes, mais avec la cicatrice. Un sur deux : échec aux maths !
Eléonore décroche et m’annonce la nouvelle. Moi ? Je vais tomber par terre. Six mois que je suis dans le doute, sentiment charmant, peu importe le ratio temps/investissement, tout peut basculer et tomber à l’eau à cause d’un simple détail. Aujourd’hui si le soleil brille, les bonnes nouvelles tombent comme la pluie : « Aston ma chérie, tu es prête à faire tes valises ? »
Je vais défendre ce secret : j’ai été transplanté(e) trois fois !
C’est Oliver qui va être content, il est intenable. Du moment qu’il reste bien au chaud pas loin de ma rate et de mon estomac après ça me va ! La prod’ a respecté à la lettre l’intitulé de mon secret, sans fioritures, je suis vraiment rassurée et touchée. Qu’est-ce qu’on ressent dans ces moments-là ? Compliqué de trouver les mots justes. C’est comme un amas, un ensemble complexe pas toujours cohérent, de beaucoup, beaucoup d’émotions.
Des souvenirs me reviennent, ils font naître en moi de nombreuses questions…
Cette aventure est-elle la solution qui va me permettre de remercier comme je l’entends depuis si longtemps ? C’est incroyable ! Est-ce que je vais être à la hauteur ? J’ai peur ! Si les personnes à l’extérieur ne m’apprécient pas, alors elles vont refuser de devenir donneurs ? J’angoisse ! Les familles auxquelles je suis liée maintenant par le sang seront-elle devant leurs écrans ? L’entourage de ces âmes qui ont tourné la page de leurs existences, celles pour qui j’écris et à qui je dois chacune de mes respirations, ces personnes si chères et pourtant disparues, leurs proches étaient-ils devant l’émission ce jour là ? J’ai du mal à respirer encore au moment où j’écris.
Et s’ils n’ont pas aimé ce qu’ils ont vu de moi ?
Je repense à toutes ces années, ce temps passé allongée dans ce lit. J’ai de la peine pour la petite Athénaïs maigrichonne coincée en « réa' » avec ses hallucinations. J’étais comme un oisillon tombé du nid, bec grand ouvert cherchant petite cuillère de yogourt pour nourrir bouche asséchée, emberlificotée dans tous ces tuyaux. Les maux, ceux qui suppurent, les points de suture, ce nouveau corps. J’ai l’impression parfois de ne pas avoir de légitimité. Le fait d’avoir eu ce parcours, aussi riche que fantasque, celui d’un chemin qui est le mien, le souvenir de ces regards qui parfois sans le vouloir sont si pesants…
« Et toi tu fais quoi dans la vie ? » Cette question qui me nouait toute entière lorsque j’avais envie de parler tout autres sujets. Il y a tellement de choses à dire sur la vie d’une personne que la réponse à cette question, celle qu’on attend communément pourtant, semble parfois bien pauvre. Ne pas vouloir trop en dévoiler mais savoir échanger suffisamment… Telle est la question : « être ou ne pas être ? ». À côté, c’est pas grand chose. Bon, si un peu quand même ! Stop ! Je me reprends, ça n’a pas de sens, je sais pourquoi j’ai fait tout ça.
Ma vie est peut-être bizarre et je suis un peu cassée mais franchement elle est ce qu’elle est. Pas besoin de plus de mots ni même de grandes phrases.
Ce n’est pas mon genre d’aller tout remettre en question, ça n’est pas du courage ou bien de l’abnégation, c’est juste une évidence.
J’ai comme cette impression d’être scindée, j’ai chapitré ma vie de manière très concrète : avant, pendant et après. Quand j’y pense je suis profondément la même, la surface est peut-être une peu moins lisse mais j’y travaille. J’apprends, j’essaie de construire sur des bases solides. Ça sert à rien de se bousiller à tout expliquer quand il s’agit de digérer, de passer le flambeau et de trouver son bonheur dans les petites choses qui construisent nos journées. Un acte, une personne qu’on aime, voir la beauté en toutes choses, ces petits rien du tout qui font beaucoup. Le bonheur, la joie, même si ce ne sont pas des états continus n’en sont pas pour autant moins intenses, moins géniaux.
Qui pourrait réaliser l’existence du bonheur s’il était un état permanent ?
Une courbe sinusoïdale au charme absolu et chacun à sa version, pas de jaloux, il y en a pour tout le monde !
La période allant du casting à l’entrée dans la maison des secrets est sensée être, pour la plupart des candidats, synonymes d’excitation et de joies. J’imagine que lorsqu’on décide d’apparaitre sur le petit écran pour participer à un jeu en mode « colonies de vacances » : c’est plutôt super sympa ! Alors que pour moi c’est une véritable parcours du combattant. Oui, ça n’est pas la manière la plus ordinaire d’arriver à mes fins. Je mise gros, je peux perdre beaucoup joyeuse loterie… et si rien n’arrivait par hasard ? Si je remporte cette bataille, mon olympiade à moi, quelle victoire !
Je veux y croire, il faut que ça fonctionne, c’est pour vous trois : Félix numéro 1, Félix 2 et Oliver. À vous, mes précieux morceaux de vies ceux qui me complètent. Grâce à vous je suis de nouveau entière. Vous êtes mon plus joli cadeau, même si l’emballage reste un mystère…
Chouette puzzle non ? J’essaie pour chaque chronique de trouver les mots justes pour que vous puissiez vivre ces moments avec moi comme je les ai vécu. Rendez-vous la semaine prochaine pour, je l’espère, partager encore plus intensément et avec de nouveaux petits bonheurs dans nos vies ! Merci aux donneurs, merci aux familles, merci à vous. À la semaine prochaine, même jour, nouvelle chronique !
Ps : certains de mes articles sont cachés au fil du texte, n’hésitez pas à cliquer un peu partout pour les découvrir si vous ne les connaissez pas déjà !
Olivers’ment vôtre
Athénaïs