Des démangeaisons à » s’arracher la peau » ! C’est ce que subit Céline alors qu’elle est enceinte de sept mois. Elle a alors 36 ans, nous sommes en 2011. » C’est ce qu’on appelle un prurit ! « . Céline est déjà maman une première fois, d’un garçon de sept ans.
J’étais fatiguée, essoufflée et puis ces démangeaisons qui ne cessaient pas m’empêchant de dormir la nuit.
Les médecins ne trouvent rien. » Ça va passer après l’accouchement me disent-ils « , raconte Céline. Sauf qu’après l’accouchement, rien ne passe, bien au contraire…
Je suis passée par pleins de traitements. Ils m’ont même traitée pour la gale ! On m’a dit que c’était une dépression post-partum. J’ai donc pris des antidépresseurs…
Ça ne passait toujours pas. Au bout d’un certains temps, les médecins » lancent un bilan « , une simple prise de sang et radio du poumon. Et assez vite, ils découvrent un lymphome.
Son bébé a tout juste un mois. Elle doit expliquer à son » grand » de sept ans qu’elle va se battre contre ce lymphome.
J’ai pleuré et pleuré à l’annonce du diagnostic. On se pose la question : pourquoi moi ? Je viens d’accoucher, la vie est belle, j’ai deux enfants, un mari génial, alors pourquoi moi ? Mais cette question, il ne faut pas se la poser parce qu’on n’aura jamais de réponse. On digère et on se dit je vais me battre.
Une chose soulage Céline : elle sait ce qu’elle a. Sa maladie a un nom. Elle comprend pourquoi elle est essoufflée, fatiguée et surtout elle sait qu’avec le traitement les démangeaisons vont s’arrêter.
Le lymphome de Céline est de type » très agressif « . Elle demande à sa spécialiste ses chances de guérison.
Le couperet tombe : elle me répond : ‘c’est du 50-50 !’ Donc je me dis que je vais être dans les 50% gagnants !
Début 2012, Céline commence donc la chimio, avec un traitement relativement récent : les anticorps monoclonaux. Une partie de ses chimios se fait par ponction lombaire. Au début de l’été, elle reçoit une autogreffe.
Pendant toute cette période, Céline » s’assoit sur son rôle de maman « . Elle a dû laisser son bébé à ses beaux-parents, trop fatiguée pour s’en occuper à temps plein.
Le grand je le voyais un peu plus, mais parfois j’aurais préféré qu’il ne me voie pas comme ça. Après certaines chimios, j’étais complètement à plat.
J’ai eu un mari en or, parce que la vie de couple à ce moment-là, c’est délicat. On n’en a plus. On ne veut pas qu’on nous touche parce qu’on a mal.
Céline et son mari décident de se marier dès les traitements terminés. Et, en effet, fin août les médecins lui annoncent que le traitement a bien fonctionné.
J’en ai chié, mais bizarrement je n’en garde pas un si mauvais souvenir. Cette période était angoissante et difficile mais ça m’a permis d’être là aujourd’hui ! Même si, sur le moment, ça a été très dur !
Le mariage est donc programmé le 24 novembre 2012 en même temps que » le baptême du petit « , sourit Céline. Un moment heureux et… fatiguant pour la jeune mariée !
Le stress aidant, j’étais crevée le soir et j’ai dû aller me coucher à minuit, comme Cendrillon ! Mais nous étions mariés, et c’était super !
Depuis trois ans, Céline a repris » sa vie d’avant « , elle est secrétaire médicale au Luxembourg, fait 40 heures par semaine et jongle avec les emplois du temps de ses deux enfants.
juste après la maladie, j’ai eu envie de tout changer ! D’aller élever des chèvres dans le Larzac ! Mais je ne pouvais pas imposer un nouveau changement à ma famille. Même si je trouve que je travaille trop et que je ne vois pas assez mes enfants alors que je me suis battue pour eux ! Tout ça est paradoxal mais finalement on est vitre rattrapé par le quotidien .
Céline nous confie que cette envie de changement est toujours présente même si elle l’a un peu refoulée. Elle a le sentiment d’avoir » gagné » quoiqu’il arrive. Et surtout elle se dit tous les jours qu’elle » vit relativement bien « , et c’est bien là l’essentiel !
W.A.P