Isabelle : “Ma vie bascule lorsque j’apprends que ma fille de 12 ans souffre d’un lymphome.”

Isabelle et son compagnon, Hassan, sont parents de deux filles : Sarah et Kenza. Une vie paisible jusqu’en décembre 2010. ” Juste avant Noël “, se souvient Isabelle, ” Sarah me montre une boule derrière son oreille. Un truc anodin “, pense-t-elle à l’époque. Sarah est la fille aînée d’Isabelle, elle a alors 12 ans…

Au début de l’année 2011, la boule derrière l’oreille de Sarah a grossi. Elle fait la taille de deux œufs. Pas de douleur, pas de fatigue. Isabelle pense alors à un problème ORL.

Découvrez leur famille :

Les médecins décident de faire une biopsie, d’enlever cette grosseur et de l’analyser.

On attend les résultats pendant une journée. Après, on se retrouve dans une petite pièce isolée avec l’ORL, l’infirmière qui s’occupe de Sarah et un médecin, une femme que nous n’avions jamais vue. C’est elle qui prend la parole, elle nous dit que c’est un lymphome non hodgkinien de type B. Elle explique à Sarah que c’est une maladie grave », nous dit calmement Isabelle.

Le médecin explique à Sarah que le traitement qu’elle va subir sera “efficace mais difficile, elle va devoir être courageuse. En effet, le lymphome de Sarah est ” agressif “, elle va donc devoir subir six mois de chimio intensive à l’hôpital, en ne rentrant chez elle que de très rares fois.

À ce moment-là, on ne sait pas qu’elle va rester tout le temps à l’hôpital. À ce moment-là, Sarah n’imagine pas, même moi je n’imagine pas ce qui nous attend

Isabelle laisse tout tomber pour rester aux côtés de sa fille nuit et jour. 

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Sarah me demandait souvent : ‘Pourquoi ça m’arrive ?’, je lui répondais que je ne savais pas. Moi aussi je me pose des questions, j’ai même demandé à l’oncologue d’où ça venait.

Mais les médecins ne savent pas non plus. Avec son conjoint ils ont pensé à la pollution. Isabelle se souvient alors que trois mois avant, son père avait fait un arrêt cardiaque dont il s’est remis, heureusement.

J’ai demandé si un choc pouvait être à la cause du lymphome de Sarah. Mais les médecins ne veulent pas se prononcer et me répondent qu’ils ne savent pas…

Après plusieurs mois de traitement, Sarah est en rémission. Le soulagement pour toute la famille.

On a passé l’été juste entre nous, tous les quatre

Elle nous explique que l’épreuve les a rapprochés même si c’était très long, ils sont toujours restés attentifs les uns aux autres.

On est arrivé à se retrouver mais on est en décalage avec les autres. Sarah était en décalage avec ses amis mais nous aussi.

Une petite appréhension toujours présente. ” Peut on se réjouir ? , s’interrogent la mère et le père de Sarah. Et puis toujours beaucoup de questions. Isabelle et sa famille font aujourd’hui partie d’une étude mené par l’Inserm sur les causes probables du lymphome. Les résultats ne sont pas encore connus et sont vivement attendus par Isabelle.

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Sarah reprend le chemin de l’école en septembre 2011.

Là on pense que la vie reprend son cours mais en fait ce n’est jamais comme avant. Ça a changé chacun d’entre nous, surtout Sarah.

L’adolescente va mieux physiquement mais psychologiquement, elle n’a pas évacué le traumatisme. Aujourd’hui encore elle a du mal à en parler.

Son entourage va mettre plus d’un an à comprendre que Sarah est en dépression.

Elle rentrait en période d’adolescence, on pensait que c’était ça, qu’elle était en dépression !

Un deuxième combat l’attend : celui de l’administration. Afin de mettre un cadre autour de Sarah dans son environ scolaire.

Sarah est toujours souriante, elle garde tout pour elle, les profs ont eu du mal à me croire quand je leur disais qu’elle était dépressive

Sarah est désormais prise en charge psychologiquement.

C’est très bien qu’elle voie la psy, nous il y a trop d’affectif dans nos relations.

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La famille s’est reconstruite, quatre personnes changées par la maladie mais qui ne se sont pas éloignés. Sarah va avoir 17 ans en avril, elle envisage de faire des études pour être éducateur spécialisé. Isabelle reste malgré tout vigilante, ” je me sens gardienne de quelque chose “, nous avoue-t-elle en regardant ses deux filles.