JOUR 3 :
Il est 9 heures, c’est le troisième jour du stage IF. Les patients n’ont pas mangé depuis 26 heures et voici enfin venue l’heure du petit déjeuner.
Chacun a pu choisir ce qu’il voulait et tout le monde est réuni dans la salle de réunion.
Christophe a opté pour une demie baguette tradition avec du beurre accompagné de café.
Carmen la diététicienne l’interroge : « A combien évaluez-vous ce petit déjeuner ? » « 60 grammes de glucides », répond Christophe.
« Et donc combien d’unités d’insuline pour ces 60 grammes de glucides ? », poursuit Carmen. « 5 unités ! », affirme Christophe.
Christophe ne s’est resucré que deux fois dans la nuit, ce qui est une bonne moyenne.
Fanny, elle, est en « hypo » tout le temps.
La discussion autour du petit-déjeuner est conviviale. Le comptage de glucides se poursuit.
Les patients doivent s’injecter la bonne d’insuline rapide avant de prendre leur repas.
Une chose que j’apprends également dans ce stage : un diabétique doit terminer ses repas, sinon le calcul des glucides est tronqué et par conséquent la dose d’insuline rapide également !
Inès, elle, a choisi un croissant aux amandes (55 grammes de glucides) pour son petit déjeuner, accompagné d’un bol de lait (10 grammes) et d’un pamplemousse (10 grammes).
Ce qui fait donc un petit déjeuner à 75 grammes de glucides.
Selon les doses d’insuline actuelles d’Ines, elle ferait 19 unités !
Odile, l’infirmière d’éducation intervient : « 19 ça me semble beaucoup pour vous ».
« 19 c’est trop donc j’enlève un truc, le pamplemousse par exemple », explique Inès.
Mais l’équipe médicale intervient : « Mangez tout ! Il ne faut pas adapter sa vie au diabète mais l’inverse ».
Le docteur Nadler insiste :
Vous êtes là pour que nous trouvions la dose d’insuline qui vous correspond .
Le petit déjeuner terminé, la discussion entre les trois patients se poursuit. Beaucoup de questions autour du matériel.
Christophe est « sous pompe à insuline ». Inès ne veut pas en entendre parler, elle se fait donc des injections. Fanny a été sous pompe pendant son adolescence et n’en garde pas un très bon souvenir.
Fanny a 24 ans, elle a appris qu’elle était diabétique à l’âge de 9 ans. « A l’époque, on m’a dit que je ne pourrais plus jamais manger de sucre » nous explique-t-elle.
Elle suit donc un régime strict mais à l’adolescence les choses se compliquent :
Je ne voulais plus faire mes carnets de suivi, j’avais un grand sentiment d’injustice .
A 14 ans Fanny passe sous pompe à insuline, son diabète est équilibré mais deux ans plus tard, elle ne la supporte plus. Depuis, elle est repassée aux piqûres d’insuline. Fanny vient de terminer ses études en école de commerce, en alternance chez Air France, elle a beaucoup voyagé.
« Je ne me suis jamais empêchée de faire la fête et de voyager, mais c’était compliqué de gérer mon diabète à ce moment-là. Il est très mal équilibré. J’ai les mêmes doses d’insuline depuis 10 ans, il était donc temps de faire le point. Je fais un break, j’ai envie de retrouver un équilibre. »
En fin de matinée, c’est le retour de Carmen, la diététicienne du service« diabéto » de l’hôpital Saint Joseph, à Paris. Il faut encore travailler sur les volumes pour toujours répondre à la même question : Combien a-t-on de glucides dans son assiette ?!
Ensuite le Docteur Nadler revient faire un point sur les glycémies de chacun. Elle ajuste au cas par cas les doses d’insuline. La « base » est souvent revue à la baisse. Il faut encore ajuster « la rapide », celle prise avant les repas.
Avec ces tests que nous faisons, on va vraiment essayer de coller au fonctionnement d’un pancréas normal.
Ces rendez-vous sont surtout l’occasion d’échanges entre diabétiques. Tout le monde tombe d’accord sur le rhume !
« Un rhume pour un non diabétique ce n’est rien, explique Christophe, mais chez nous ça fout tout en l’air ! Nos glycémies à ce moment-là c’est n’importe quoi ! Plus rien ne correspond, ça peut être compliqué à gérer ».
Sport, famille, grossesse ou simplement vie quotidienne, je comprends que le diabète influe sur beaucoup de chose dans leur vie. D’où l’importance de savoir le maîtriser.
Fanny insiste : « Ce qui est bien avec le stage, c’est l’échange, ça fait du bien ». « Oui, parce que les non diabétiques ne comprennent rien ! », s’exclame Inès dans un sourire.
Demain, dernier jour du stage !
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