PROCHE-AIDANT. Charlotte a pris soin de ses parents pendant dix ans

VIDÉO. Le statut de proche-aidant est encore peu compris en France. Charlotte, 35 ans et maman de deux enfants, a connu ce statut sans même le savoir, alors qu’elle s’occupait de ses deux parents malades.

 

« Il y a une charge mentale énorme » : gestion des rendez-vous et des traitements, prise en charge des soins à domicile, présence et aide émotionnelle à un proche malade… Le statut de proche-aidant regroupe de nombreuses fonctions qui sont, pour bon nombre d’entre eux, une importante source de stress. Si aider ses proches en difficulté a semblé normal et intuitif à Charlotte, elle revient aujourd’hui sur son parcours, ses sacrifices et ses responsabilités lorsqu’elle s’occupait encore de ses deux parents.

De quelle(s) pathologie(s) ont souffert tes parents ? 

Charlotte : Ça a commencé avec ma mère, qui a été diagnostiquée d’un cancer du sein métastatique. Mon père, lui, a eu une succession de pathologies : un AVC, des problèmes cardiaques, et ça s’est terminé par un cancer digestif très agressif.

Comment t’es-tu sentie pendant toute cette période ? 

Charlotte : Plus qu’une période, ça a été une décennie, avec beaucoup d’émotions, de sentiments et de phases, aussi. On passe par plein d’états différents. Moi, j’étais obsédée à l’idée de maintenir la dignité de mes parents. Je voulais toujours les valoriser, je ne voulais pas leur renvoyer leur fragilité et même, à la fin, leur déchéance. Quand on est aidant, on est seul, parce qu’on n’est jamais assez aidé. La charge mentale et émotionnelle est énorme. J’anticipais beaucoup. Le soir, en me couchant, je me demandais souvent comment je pouvais leur remonter le moral, comment faire pour qu’ils se sentent mieux… Et ça, c’est un vrai travail d’élaboration, de réflexion, et donc une charge mentale importante.

Quel(s) sacrifice(s) as-tu fait, peut-être sans t’en rendre compte, pour prendre soin d’eux ? 

Charlotte : En fait, il fallait surtout articuler mon quotidien, entre mon boulot, ma vie de maman et ma vie personnelle à moindre échelle, puisqu’en effet, elle est un peu passée à la trappe. Moi, j’avais fini mes études, mais c’est vrai que c’est un moment où, normalement, tu es censé vivre ta vie, être encore un peu insouciant, ou en tout cas te soucier de ton avenir, avoir tes amis, un copain… Un truc classique, quoi. Et c’est sûr que l’insouciance est partie assez vite, en fait.

Qu’est-ce qui t’a aidée à tenir bon ? 

Charlotte : Il y a beaucoup de choses qui m’ont aidée. De par mon métier de coach et de thérapeute, j’ai le réflexe d’aller chercher les ressources nécessaires quand ça ne va pas, et je pense que c’est ça qui m’a sauvée. J’ai découvert des ressources que je ne pensais pas avoir.

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