Noémie a été diagnostiquée d’un cancer des ovaires à 26 ans. Si jeune, elle ne pensait pas que c’était possible. Aujourd’hui en rémission, Noémie est ravie de reprendre le cours de sa vie normalement.
- Présentez-vous :
Je m’appelle Noémie, j’ai 28 ans et j’habite à Toulouse. Je suis assistante sociale et j’ai lancé depuis peu ma marque de bijoux.
- Comment avez-vous été diagnostiquée ?
Fin 2016, je ressens des douleurs étranges au niveau du bas-ventre et plus particulièrement du côté droit. J’ai passé une échographie qui a pu montrer qu’un gros kyste s’était logé tout autour de mon ovaire droit. Je me le suis fait retirer ainsi que l’ovaire. La biopsie du kyste à montrer des cellules cancéreuses. Les cellules retrouvées étant jugées trop agressives, les médecins ne voulaient pas prendre le risque qu’elles se propagent ailleurs. Il a été décidé de me réopérer et de me retirer mon second ovaire et mon utérus. J’ai donc une charmante cicatrice d’une quinzaine de cm sur le ventre, symbole du combat mené.
- Qu’est-ce que vous avez ressenti ?
C’est le ciel qui vous tombe sur la tête. Un cancer à 26 ans ? Aux ovaires ? Mais je n’ai rien demandé à personne moi. Je me suis demandé pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Je cherchais une explication.. J’ai ressenti beaucoup de culpabilité. De la culpabilité à l’égard de mon copain, de ma famille… Ça allait être compliqué pour moi, mais aussi pour eux. J’entraînais tout le monde dans ma chute d’une certaine façon. Pendant que tes amis signent leur premier CDI, font des enfants, voyagent … Ben toi, tu vas faire de la chimiothérapie pour sauver ta peau … Voilà ! C’est injuste.
- Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je vais bien. Je suis en rémission depuis presque un an. Il y a parfois des moments de flottement, mais je suis heureuse que tout cela soit derrière moi. Je pense qu’il faut se laisser le temps de se reconstruire. Je suis heureuse de pouvoir recommencer à me plaindre parce qu’il y a des bouchons, parce que mes cheveux ne se mettent pas comme je veux, parce qu’il fait beaucoup trop chaud ! La vie a repris ses droits !
- Qu’est-ce que la maladie a changé pour vous ?
Je m’affirme beaucoup plus. J’avais tendance à vouloir satisfaire les autres avant tout. Quitte à m’oublier. Désormais, je m’écoute davantage. La question n’est pas de devenir égoïste, mais plutôt de suivre ses envies. Aujourd’hui, je me dis qu’il est primordial de prendre un chemin qui a du sens pour moi.
- Quelle est votre passion ?
Je déteste cette question !!! (rires) Je n’ai pas de passion. J’aime beaucoup tout ce qui touche à l’art de façon générale, les activités créatives. Je me tourne de plus en plus vers le «fait-main».
- Êtes-vous engagée ?
Oui, dans le cadre de mon activité de création de bijoux, je reverse une partie des bénéfices à la recherche contre le cancer.
- La maladie a-t-elle renforcé votre relation avec vos proches ?
J’avais lu un texte que j’aime beaucoup qui disait : « Face à une femme malade d’un cancer […] qui n’a pas été tenté de fuir ? Le comment vas-tu constitue déjà une difficulté. Que répondre si elle me parle de sa chimiothérapie […] de ses craintes ? J’ai peur de sa peur ». Chacun réagit comme il peut face à la maladie.
Oui, la maladie a renforcé les liens, c’est certain. On sort plus fort d’une expérience comme celle-ci. C’est une leçon de vie pour tout le monde. Alors certains se sont éloignés, d’autres sont carrément partis en claquant la porte. Grand bien leur fasse, il ne reste que les meilleurs !
J’en profite pour évoquer une autre sorte de relation. Celle avec l’équipe médicale et soignante. J’ai eu la chance d’être extrêmement bien accompagnée et portée par l’équipe du secteur de stérile du CHU de Nantes lors du pire moment de ma vie. Mesdames et messieurs les aide-soignant(e)s, infirmièr(e)s … Vous avez été au top, merci pour votre patience, votre empathie, votre bienveillance.
- Quels conseils donneriez-vous à un patient ?
De ne pas tout garder pour soi, de trouver un moyen d’expression pour évacuer, quel qu’il soit. S’écouter et prendre soin de soi bien évidemment. Après, je pense qu’il est important de rester positif et de croire en la vie. Les moments de faiblesse, de doute, sont inévitables, mais ce qui est important, c’est de rebondir !
- Quel message souhaitez-vous délivrer à la communauté de We are Patients ?
Ne regardez plus en arrière, ce qui est fait est fait et allez de l’avant !