À 32 ans, Audrey vit actuellement son deuxième cancer. Une situation qui lui a fait se rendre compte qu’elle souhaitait aider les autres. En dépit de sa maladie, elle continue d’être active au sein de son association “Temps d’Espoirs”, qu’elle a lancé en mars 2019 avec ses frères et sœurs.
- Présentez-vous :
Je m’appelle Audrey, j’ai 32 ans. Avec mon mari, nous sommes les parents de Malo, notre petit garçon de 2 ans et demi. J’ai été diagnostiquée d’un premier cancer à l’âge de 13 ans. Après presque vingt ans de tranquillité, je combats actuellement une leucémie aiguë myéloblastique.
- Comment avez-vous été diagnostiquée la première fois ?
Alors que j’étais adolescente, je ressentais des douleurs vives dans le dos et dans les jambes. Lorsque je suis allée chez le médecin, on m’a annoncé que la tumeur faisait la taille d’un pamplemousse et qu’il fallait démarrer la chimiothérapie. C’est très difficile à gérer lorsque l’on est adolescente, car on essaie de trouver un responsable, on est dans la rébellion. D’autant plus que la chimiothérapie avait provoqué chez moi un handicap : je ne pouvais plus marcher et le regard des autres était très compliqué à gérer. À l’époque, c’était la honte. C’est au bout de 5 ans que j’ai été déclarée guérie. Malheureusement, le cancer est revenu vingt ans plus tard.
- Comment vit-on le cancer à deux époques différentes ?
En octobre 2018, j’ai été diagnostiquée d’une leucémie. Psychologiquement, j’étais préparée, car je savais ce qui m’attendait. J’étais en mode “guerrière”. La grande différence avec la première fois, c’est qu’on écoute scrupuleusement les médecins : tous les conseils que l’on vous donne, on les suit à la lettre.
Le plus difficile a été de l’annoncer à mes proches. Mais après avoir pris une grande inspiration, tout le monde s’est remis d’aplomb et était prêt à affronter le cancer avec moi.
- Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui, j’ai fini mon protocole de chimiothérapie et je me sens bien, en meilleure forme. Même si les résultats étaient assez encourageants, les médecins m’ont annoncé qu’il fallait effectuer une greffe de moelle osseuse. À ce moment-là, mon frère, qui avait fait les tests, m’a lancé « Je vais te sauver la vie, je suis compatible ! ». J’ai beaucoup de chance d’être très entourée et d’être fusionnelle avec mes frères et sœurs.
Aussi, j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir et je me suis rendu compte que j’avais envie de faire quelque chose pour les autres, car il y a beaucoup de personnes qui ont besoin d’être soutenues.
- Êtes-vous engagée ?
Pendant mon traitement, je tournais en rond et je comparais mes séjours à l’hôpital quand j’étais enfant et à l’âge adulte. Avec ma sœur, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup d’associations pour les enfants, tandis que pour les adultes, il n’y en avait qu’une. Je me suis dit qu’il était temps que ça change donc avec mes frères et sœurs, nous avons créé l’association Temps d’Espoirs, qui vient soutenir les patients atteins de cancer du sang et de la moelle osseuse. On créé des évènements de partages, on sensibilise au don du sang, on soutient également les patients pour leur intégration en milieu hospitalier.
Nous avons développé un premier projet qui consiste à fournir aux patients un kit « bien-être » afin de soulager la chimiothérapie. Dans ce kit, on retrouve de l’Aloevera, des crèmes hydratantes, de la propolis, du miel, des huiles lavantes… Que des produits qui ne sont pas évidents à trouver et qui permettent donc de faciliter la vie des patients.
- Que retirez-vous de votre parcours ?
Un ami m’a dit « il n’y a pas de futur, il n’y a que le présent ». Cette phrase m’a fait comprendre que c’est « maintenant » qui compte. Aujourd’hui, j’ai le goût de vivre des choses simples. J’ai fait une liste des choses que j’avais envie de faire dans ma vie. Le fait d’avoir un petit garçon m’a encore plus donné envie de me battre. J’ai envie de le voir grandir donc c’est un leitmotiv.
L’association me permet aussi de ne pas trop penser à ma maladie. Je m’occupe des autres et ça me permet d’avancer. On se dit qu’on fait quelque chose de bien.
- Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la communauté We Are Patients ?
Il faut toujours vivre le moment présent avec ses proches. Je dis souvent à ma famille que je ne changerai rien de ma vie malgré les deux cancers parce que c’est ce qui a fait ce que je suis aujourd’hui.
- Quel conseil donneriez-vous à un(e) patient(e) qui vient d’apprendre qu’il/elle est diagnostiqué(e) d’un cancer ?
Il ne faut pas rester seule et parler des inquiétudes. J’ai eu beaucoup de soutien de mon côté. Le plus facile, c’est de parler à des gens qui sont aussi malades. La famille nous comprend, mais les autres patients nous comprennent mieux. La médecine sauve des vies donc il faut garder espoir.