CHRONIQUE D’ATHÉNAÏS. Les médecins n’en reviennent pas !

En ce premier mercredi du mois de mai, voici une nouvelle chronique avec, en toile de fond, un thème commun depuis quelques numéros : le don d’organes et la télé-réalité.

La semaine dernière vous aviez pu découvrir l’importance qu’occupe le don d’organes dans ma vie au quotidien. Transplantée du foie à trois reprises, je suis reconnaissante de pouvoir écrire ces lignes. C’est grâce aux familles, aux personnes disparues et à mes greffons : « Felix one », « Felix two » et « Oliver » que je vais bientôt pouvoir fêter mes 29 ans – déjà ?! – sans cela, ma vie aurait pris fin après douze années d’existence seulement, beaucoup trop tôt à mon goût.

Oliver, c’est le prénom que j’ai donné à mon foie, celui qui s’est glissé en dessous de mes points de suture depuis maintenant plus de 15 ans. Si mes calculs sont bons, j’ai passé plus de temps en compagnie de ma troisième transplantation qu’avec mon organe originel, je vous jure que ça fait un choc ! « Pimp ton Athé » un peu comme ce programme TV américain où des sociétés spécialisées dans le tuning retapent de vieilles voitures. Ces « bagnoles » sont dans un triste état à leur arrivée mais sortent toutes clinquantes et c’est peu dire… Moi je ne suis pas ressortie version 2.0 mais bien vivante arborant fièrement, non pas des jantes alu, quarante-sept points de suture, dessin né de la pose de mon tout nouveau filtre !

Je veux y croire, il faut que ça fonctionne, c’est pour vous trois : Félix numéro 1, Félix 2 et Oliver. À vous, mes précieux morceaux de vies ceux qui me complètent. Grâce à vous je suis de nouveau entière. Vous êtes mon plus joli cadeau, même si l’emballage reste un mystère… 

Questions existentielles de philosophie de comptoir posées et non pas vraiment résolues, je vais dès à présent être confrontée à de nouveaux tests médicaux. Non, je ne donne pas mon corps à la science, ça n’est pas prévu pour le moment, mais en tout cas je le prête à l’étude, afin d’intégrer en toute quiétude l’émission Secret Story 10. Entre aiguilles, vélo d’appartement et médecins, je me laisse aller en bon rat de laboratoire. Je suis heureusement forte de mon expérience patiente, alors tout ceci ne m’effraie pas, les analyses sont plutôt monnaie courante pour moi.

« Allez-y je suis prête » sous ma petite lampe dans mon vivarium, j’attends de pâte ferme qu’on m’inspecte en détail. Du moment que ça n’est pas pour me transformer en cosmétiques…

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Je dois passer ma toute première épreuve d’effort. J’avoue que si avant de tomber malade j’étais assez sportive, aujourd’hui j’oscille entre moelleuse et flasque. Vous connaissez cet effet que nous aimons tant, que l’on appelle communément « yoyo » ? Tantôt je suis plutôt mince et en forme, lorsque parfois je m’empâte comme une dinde à la veille de thanksgiving. Pourvu que je ne subisse pas le même sort…

Je me retrouve au fin fond d’Évreux petite bourgade fort sympathique, à des kilomètres de chez moi où chercher une place est rime avec « cherche encore ».

Le test d’effort qu’est ce que c’est ? Eh bien figurez-vous que c’est un test d’effort !

L’épreuve d’effort est un examen qui consiste à l’enregistrement d’un électrocardiogramme pendant le déroulement d’un exercice physique. Il permet d’aider au diagnostic d’une maladie coronarienne ou autre faiblesse cardiaque éventuelle. En somme, je vais être branchée à des électrodes placés tout autour du seul organe que j’aime avoir grand : mon coeur, c’est Oliver qui va être jaloux !

Une femme médecin – qui n’est pas le Dr Quinn – est à mes côtés pendant toute la durée de l’effort. Elle va me surveiller et analyser mes capacités sportives à la recherche d’un trouble, dans l’espoir de n’en détecter aucun. Précaution non négligeable puisque je vais être à la merci de jeux et d’activités plus ou moins physiques, ainsi qu’à une forme de stress méconnue dans cette maison.

Dans une petite pièce lancée telle un Niel Armstrong de la bicyclette, pendant une trentaine de minutes je vais faire du vélo. Je passe de la souris au hamster qui court gaillardement dans sa roue et en vérité ça m’amuse beaucoup !

Mon coeur bat fort dans ma poitrine…

Avec 97% de capacité, je n’ai jamais aimé la perfection. Mon test sera-t-il à la hauteur ? Certes, je n’ai pas atteint les 100% mais je vais très bien.

Eh oui le coeur reste un organe qu’il faut muscler, prenez-en-soin et il vous mènera loin !

Afin d’authentifier ou non ce test, je dois encore avoir rendez-vous avec une cardiologue. Docteur Cabrol au féminin, même si elle n’a pas réalisé la toute première transplantation cardiaque, sera parfaite. La doctoresse est charmante avec son accent des pays de l’est, clin d’oeil à mes origines russes, la vodka en moins. Nous avons de longues conversations sur ma vie, mes greffes, mon histoire.

Ce qui est toujours troublant lorsque je fais la rencontre de nouveaux médecins et que je leur raconte mes aventures médicales, ce sont leurs réactions. Elles sont nombreuses et chamarrées et ont ce point commun : le résultat. Un regard abasourdi suivit de ce genre de mots : « ah oui quand même », puis vient cette question qui me fera toujours marrer : « et donc d’origine inconnue ? Ça n’est pas à cause de… ? » Et là vient la liste interminable de possibilités qui aurait pu me mener à cet état, celui de la destruction massive et irréversible de mon foie d’origine.

img_9719Petite Athénaïs dans bassine bleue, vous remarquerez ce petit ventre encore vierge de toute cicatrice !

Dans mon esprit, je m’exaspère : « Eurêka, heureusement que j’en suis venue à vous rencontrer sinon nous n’aurions jamais pu déterminer la cause de mon hépatite fulminante ! Ô génie, je me prosterne… »

Je précise que tout ceci n’est que rêverie sans méchanceté aucune. Je romance de manière excessive mon cheminement de pensée dans ces moments. J’imagine que pour tout médecin l’appel de la vérité, de l’étude et de l’évolution scientifique est plus forte que tout.

Je poursuis avec mon ironie, où en étais-je ? Ah oui : « c’est vrai qu’à Cochin accompagnée par les meilleurs médecins parisiens, personne n’a cherché quel pouvait bien être ce mal qui me rongeait tout entière ? Nous avons donc apposé, à coté de mon nom de famille de pathologie, le terme étiologie inconnue. »

Le docteur se questionne et me demande pourquoi donc je dois faire un test d’effort ?

Je lâche un : « c’est pour mon job d’hôtesse à Roland Garros » s’ensuit un regard étonné mêlé d’incompréhension et de stupeur : « ils sont gonflés quand même vos employeurs… » Je la regarde avec un léger sourire et réponds qu’ils ne veulent que mon bien, à l’intérieur je suis au bord de la roulade !

Rien à signaler, mon test est validé ! Quelques jours plus tard on me prélève quelques tubes de sang, la prod veut s’assurer que je n’ai pas de MST et autres virus comme le sida par exemple. Je vois que la prod a misé gros sur mes capacités de séductrice… Pourtant même si tout cela peut paraître aberrant, ces éléments sont aujourd’hui indispensables et rassurants. Ils me permettent d’envisager l’aventure avec sérieux mais aussi avec un minimum de considération pour nous, les futurs habitants de la maison de secrets.

Prise de sang ok, Coeur ok, qu’en est-il d’Oliver ?

Je file direction l’hôpital Saint-Antoine où je suis suivie à ce moment-ci, pour aller retrouver le professeur C., mon père hospitalier, avec mon « petit » dossier top secret sous la main. Le professeur me regarde l’air faussement sérieux, il me dit que décidément je lui aurais tout fait ! Petit regard en coulisses, petite moue qui bat des cils. Maintenant c’est à moi d’aller au combat. Armée d’Oliver ayant foie en mon message de démocratisation du don d’organes – dit comme ça et hors contexte on a un peu l’impression d’être face à une salade de gésiers – Après tout ce n’est pas de ma faute si ça me prend aux tripes !

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Prochain épisode, dernières frayeurs, aussi vous allez découvrir les coulisses des différents tournages, celui du générique, des « appels aux votes » et autres capsules vidéos utiles à la réalisation de l’émission ! Je vais avoir la surprise d’arborer fièrement la couleur qui m’est attribuée, à votre qu’elle est elle ? Niveau indices vous êtes servis !

Belle fin de semaine à tous, nous sommes gâtés puisqu’au mois de mai « fais ce qu’il te plaît », du coup peut-être que la semaine prochaine je vous écrirais de la Nouvelle Zélande, il fera 30 degrés, mes prochaines chroniques seront sur youtube ? Attention un de ces informations est peut-être vraie, mais laquelle ? 

Olivers’ment vôtre 

Athénaïs

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