Ravie de vous retrouver pour partager avec vous, la suite de mes (fo)Folles aventures ! La semaine passée je vous annonçais, non sans joie, notre nouveau rendez-vous hebdomadaire. Ainsi, mercredi dernier dans la première partie de mon article vous avez pu découvrir comment j’ai rencontré Herbefol, ma jument. Elle fait partie de celles et ceux sans qui je n’aurais pas eu la force d’aller jusqu’à ma troisième greffe. Alors soyez-prêts, embarquement immédiat !
« Je me prépare en vitesse pour aller monter, Tiens, le téléphone sonne… »
Ce que je n’ai pas précisé c’est qu’à cette période, je ne suis pas tout à fait sortie d’affaire… Je sais de source sûre que Félix est fatigué, il ne va pas tenir le coup longtemps. Il faut me préparer pour une seconde greffe. Attendre les bras croisés ? « C’est cela oui ! »
Moi tout ce qui m’importe, c’est de passer ma vie au centre équestre pour prendre mon « shoot » de cheval quotidien : ma meilleure prescription !
Maman décroche le téléphone, comme si on avait le temps – euh y’a Fofolle qui attend là ! – il faut qu’on se dépêche, j’ai tellement hâte d’arriver au club je tiens pas en place !
J’ouvre la porte de l’entrée, ma mère arrive vers moi et la referme doucement
Au téléphone c’était l’hôpital, il nous envoit une ambulance en urgence. Félix numéro deux m’attend à Cochin, pas une seconde à perdre. Je vais m’asseoir un petit moment avant de préparer mon sac, bizarrement je ne suis pas paniquée, juste un peu sonnée. Ça y est, visiblement les ambulanciers sont là, quand faut y aller… Deux messieurs me sourient et m’ouvrent la porte de l’ambulance, ils nous aident, maman et moi, à nous installer. On part à toute allure, ma mère est assise à l’arrière, que dis-je assise : accrochée au siège, pire qu’une moule à son rocher !
Elle est terrorisée et moi sur mon brancard, je me marre !
On file comme un missile sur l’A13, je lance des « plus viiiite » aux ambulanciers qui me regardent dans le rétroviseur, joues ravies et sourires complices jusqu’aux oreilles. Ma mère, elle, est toujours collée au fond du siège. Soudain je vois une moto de police qui nous double pour s’installer juste devant nous. Derrière, une autre nous colle au train ! (Ok donc là c’est le moment où je termine en taule pour trafic de poney… C’est ça et mon foie dans tout ça ?) L’un des ambulanciers me lance « Ils sont là pour vous mademoiselle la présidente ! »
Donc, si je comprends bien, les policiers ne sont pas là pour nous arrêter mais pour nous escorter ?!
Nous passons les barrières qui nous séparent de l’hôpital, je rigole un peu moins. Un des ambulanciers alias « supers pilotes » nous tend une petite carte sur laquelle est inscrite un numéro de téléphone. Il baisse les yeux et me regarde avec un large et bienveillant sourire :
Bon courage ma jolie, tu me donneras des nouvelles, hein ?
Arrive mon chirurgien – beau comme un camion, malheureusement il préfère ma soeur Marie – il me lance : « Athénaïs tout va bien se passer c’est un petit foie ! ». J’esquisse un sourire mais très vite il disparait, englouti par ce que suppose la nouvelle. « C’est un petit foie » cette phrase tourne en boucle dans ma tête.
Un petit foie et entier cette fois ?
Je comprends que c’est celui d’un enfant
Ma deuxième transplantation dure une dizaine d’heures – 14 heures pour la première – et se passe relativement bien. Ce Félix je le garde deux semaines, avouons que dans le genre record on a vu mieux. Bon là j’avoue, je suis épuisée. J’ai mal partout, je ne peux rien avaler, enfin si, grâce à la sonde que j’ai dans le nez à travers laquelle on m’injecte des litres de jus de carottes ! Je suis jaune comme un coing et je sais ce qui m’attend, hum franchement ? Pas envie.
J’ai pas le moral, les médecins et ma mère ne le supportent pas
Maman a pris sa décision : « on va faire venir Fofolle à l’hôpital »,
Les médecins : « Vous avez un van ? »
Je me souviens de ce jour : on vient me chercher dans ma chambre, on me cale sur mon fauteuil, on roule direct vers l’ascenseur et nous voilà à l’air libre, truffe au vent ! Ils ont tout organisé, l’espace qui stocke les immenses bennes à ordures de l’hôpital Cochin a été entièrement libéré pour laisser place à mon carrosse. Le van toussote encore et à ses côtés, pimpante comme jamais, Herbefol. Comble de joie, il y a tout autour de nous mon équipe médicale, – mon Hépato que j’aime comme un père, mon anesthésiste et une médecin que j’adore tout autant – ainsi que ma mère, ma nounou, l’adorable dame qui a conduit de l’écurie jusqu’à moi et j’en passe… C’est indescriptible. Les sensations, les odeurs, les sentiments, les personnes présentes, l’échange avec ma jument…
Herbefol était une jument avec beaucoup de caractère qui ne tenait pas en place. Ce jour là, elle a été d’une douceur et d’un calme olympien. Preuve tangible que les animaux sont doués d’une sensibilité toute particulière et peuvent avoir ce contact qui sauve. J’ai horreur du pathos, je sais pertinemment qu’un monde merveilleux peuplé de petits elfes n’existe pas et les bons sentiments à outrance m’exaspèrent. Sachez cependant qu’au travers de ce que j’écris ici où je relate cette expérience en particulier, je désire véritablement mettre en lumière les bienfaits de la mise en contact de patients avec les animaux.
Je sais ô combien cette expérience m’a bouleversée, me donnant le courage et la force nécessaire pour retourner au bloc !
À suivre…
Surprise : et oui, comme pour mes greffes l’adage « jamais deux sans trois » s’applique aussi pour cet article ! Une troisième partie est donc à venir la semaine prochaine et j’espère que c’est une bonne nouvelle pour vous !
Belle semaine à tous, rendez-vous mercredi 31 janvier pour la troisième partie !
Part 2/3
Olivers’ment vôtre
Athénaïs