VIDÉO. Pendant un an, Anousha a été l’aidante de son mari, diagnostiqué d’un cancer du côlon en 2019. Elle décrit dans son livre « Quand la vie vous donne des citrons » la difficulté de ce rôle, dont peu de personnes témoignent.
Vouloir soutenir un proche malade paraît être une évidence. Lorsque Anousha apprend le cancer de son mari, au cours de l’année 2019, elle souhaite avant tout lui apporter une assistance infaillible. Néanmoins, elle l’explique aujourd’hui : se sentir mal, fatigué.e, dépassé.e ou encore déprimé.e quand on est aidant.e est tout aussi légitime que de ressentir, parfois, une once de bonheur malgré le malheur subi par son proche. « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise émotion », nous dit-elle : découvrez avec We Are Patients son parcours et le projet qui en a résulté.
Comment as-tu réagi en découvrant le cancer de ton mari ?
Anousha : J’avais 26 ans, à ce moment-là. Même quatre ans après, j’y réfère encore comme étant le pire jour de ma vie. C’était horrible, j’avais l’impression que c’était un cauchemar, que ce n’était pas vrai… Que ce n’était pas en train de m’arriver. Ça a vraiment été très, très dur.
Peux-tu nous parler de ton rôle d’aidante ?
Anousha : Je suis devenue aidante du jour au lendemain, parce qu’on l’a appris de façon très brutale. Ça passait par beaucoup de soutien moral, on va dire. Le rôle que je me suis attribué toute seule, puisque mon mari ne m’avait rien demandé, évidemment, ça a été de lui faciliter la vie au maximum. Je me disais : « Je ne peux pas prendre sa maladie, je ne peux pas prendre ses traitements. Je ne peux pas prendre sa douleur physique. Mais, je peux essayer de faire en sorte que la maladie et les traitements soient un peu moins pénibles. » C’est difficile de rendre quelque chose d’aussi compliqué que le cancer « moins pénible », mais c’est ce que j’ai essayé de faire.
À cause de cette épreuve, tu as fait une dépression. Peux-tu nous raconter comment ça s’est passé ?
Anousha : Je n’ai pas compris tout de suite que je faisais une dépression. Je l’ai compris bien après ! Même pendant la dépression, je ne me rendais pas compte que j’en faisais une. Ce que j’ai fait, c’est une dépression réactionnelle, c’est-à-dire une dépression en réaction à un évènement. J’arrivais quand même à manger, à me lever, à aller au travail… Je me disais que quelqu’un qui traverse une dépression n’a pas une vie « normale ». Et puis, il y avait aussi le fait que je me disais : « Ce n’est pas moi qui ai le cancer, donc ce n’est pas normal que j’aille mal. » J’ai beaucoup refoulé mes émotions, je n’arrivais pas à exprimer ce que je ressentais. Je ne comprenais pas pourquoi j’allais aussi mal. Tout le monde me disait : « Il faut que tu sois forte pour ton mari, et il faut que tu ailles bien. » Ça m’a mis une pression monstre.
Comment as-tu rebondi ?
Anousha : Ce qui m’a beaucoup aidée, c’est l’écriture. Tous les jours, j’écrivais ce qui se passait. Au départ, c’était beaucoup : « Aujourd’hui, le docteur nous a dit ça. Aujourd’hui, il s’est passé ça. » C’était plutôt des faits médicaux, on va dire. Et puis, petit à petit, j’écrivais beaucoup plus sur mes ressentis. Ça m’a vraiment aidée à mettre toutes mes émotions sur le papier et à tout analyser, à mettre à distance aussi ce qu’il se passait.
Et ces écrits sont devenus un livre ! Peux-tu nous en dire plus ?
Anousha : Je me suis dit que ça pouvait aider d’autres personnes parce que, moi, je me suis sentie très seule [en tant qu’aidante, ndlr]. J’ai eu beaucoup de mal à m’identifier ou à trouver des témoignages. Je me suis donc dit : « Je sais qu’il y a d’autres personnes qui vivent la même chose, mais je ne les trouve pas. » J’ai écrit et publié le livre que j’aurais voulu lire à ce moment-là. Il s’appelle « Quand la vie vous donne des citrons », et son sous-titre est « Surmonter ensemble le cancer. » En fait, j’ai réussi à rendre une épreuve terrible en quelque chose de positif, qui est ce livre et ce message d’espoir.
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