INTERVIEW. Carole : « C’est la vie qui gagne ! »

Diagnostiquée d’un cancer du sein en mai 2012, Carole est aujourd’hui en rémission. Elle est également maman depuis janvier 2017, et ça, c’est le plus beau cadeau qu’on pouvait lui faire. 

  • Présentez-vous :

Je m’appelle Carole, j’ai 38 ans, 2 enfants. J’habite à Nice, ma ville d’adoption.

  • Comment avez-vous été diagnostiquée ? 

En mai 2012, alors que cela faisait déjà 2 ans que j’avais une boule dans le sein droit, j’ai décidé de contacter la clinique Saint-Jean à Cagnes-sur-mer afin de demander une échographie, voyant que cette « boule » commençait à fortement me gêner. Je la voyais ressortir de mon sein, je la sentais, je ne pouvais pas dormir sur le ventre et j’avais une mauvaise intuition. Pourtant, 2 ans auparavant, j’avais fait une échographie et le radiologue n’avait rien trouvé. C’est ainsi que j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai donc fait mes examens. Le verdit a été sans appel. La radiologue m’a immédiatement fait un prélèvement, car elle avait un gros doute. J’ai donc osé poser la question… Dites-moi si c’est grave ? Elle m’a répondu que ça ressemblait fortement à un cancer.

  • Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? 

Bien dans ma peau, heureuse de cette vie. Cette vie qui nous apprend tant de leçons. J’ose dire que je suis guérie, et je fais mes contrôles de façon très optimiste.

  • Qu’est-ce que la maladie a changé pour vous ? 

La maladie a absolument tout changé pour moi, en moi : ma vision de la vie, mon discernement envers ce qui est grave et moins grave, mes objectifs, beaucoup plus familiaux et personnels, ma relation aux autres, ma relation avec moi-même, etc.

  • Comment gérez-vous la maladie au quotidien ? 

Je suis en rémission donc je pense que j’ai un bon rapport avec la maladie, je la sens loin de moi. La seule chose qui est un peu persistante, c’est cet état de fatigue qui me fait honte parfois. À certains moments, je me sens extrêmement fatiguée et pourtant sans vraie raison apparente. 

  • Votre hygiène de vie a-t-elle changé ? 

Pendant le traitement, à savoir, chimiothérapie, rayons, herceptin, j’ai fait beaucoup de sport. Or, je n’étais pas quelqu’un de sportif. Je fuyais tout type de sport, sans scrupule. Puis, je ne sais pas par quelle force, mais après chaque séance de chimio et d’herceptin, je passais des heures sur mon vélo d’appartement, je marchais des heures au bord de mer et j’allais nager à la piscine. Je crois que c’était ma façon de combattre cette maladie et de ne pas la laisser me dominer. Je voulais l’écraser. Aujourd’hui, j’ai moins de temps pour cela car j’ai eu un bébé en janvier 2017.

  • Parlez-nous de votre engagement :

J’essaie de rassurer, d’informer, sur le fait que l’on peut être maman même après un cancer et que c’est la vie qui gagne. Les réseaux sociaux aident beaucoup en ce sens, Instagram et Facebook. Je soutiens l’association « SOS CANCER DU SEIN » basée à Nice dès que je le peux. De plus, afin de remercier ma région d’adoption, région qui m’a sauvée la vie, la ville de Nice, j’ai créé un compte Instagram (et Facebook) sur lequel je publie des articles afin de promouvoir les sociétés, associations niçoises et mettre en avant ma région. J’écris avec coeur et passion. Je prépare un site internet.

  • Aujourd’hui vous êtes de nouveau maman, racontez nous :

Oui, je le suis ! En fait, en juin 2012, alors que j’étais à la fois anéantie, et en même temps prête à affronter un combat, il m’a été proposé de « congeler  » mes ovocytes. Vous imaginez que je n’y comprenais absolument rien. Déjà, car j’étais toujours sous le choc de l’annonce, mais en plus parce que l’on m’annonçait qu’il fallait que je préserve ma fécondité. Car la chimiothérapie risquait de me rendre ménopausée… La, c’était la douche froide. Donc, en résumé, j’allais perdre mes cheveux, finir avec des seins à la Laurel et Hardy, et perdre ma féminité en n’ayant plus mes cycles. Donc, sans réfléchir, j’ai dit oui et j’ai donc suivi le protocole (Piqûres, prélèvement des ovocytes… 6 ont pu être préservés.). Afin d’envisager l’avenir, en 2016, après discussion avec mon oncologue, on m’a confirmé qu’il n’y avait pas d’obstacles à ce que je sois enceinte. La maladie était loin, je pouvais avancer.

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Je pouvais donc utiliser mes ovocytes. La tentative était osée, car je crois que très peu de cas en France existent. (1 seul cas à ma connaissance…) Mais moi, j’y croyais, il fallait que « ça marche ». Pour moi, il n’y avait pas d’autres possibilités, je sentais que la roue tournait. J’ai donc été prise en charge par la Gynécologue le Docteur Galland-Portier, spécialiste de la fertilité. On a donc fait une première tentative en utilisant 3 ovocytes. Ça n’a pas marché. On a alors utilisé les 3 derniers ovocytes, les 3 dernières chances… 3 embryons ont alors vu le jour. Mais, un seul a tenu. De la, ma fille est donc née en janvier 2017. Je voudrais tellement pouvoir rassurer et donner l’espoir à toutes celles qui sont confrontées à cette situation, situation d’injustice finalement, car on vous prive de votre féminité et ça, c’est très difficile.

  • La maladie a-t-elle renforcé votre relation avec vos proches ? 

J’étais déjà très proche de ma famille et de mes amis, je suis très entière et quand j’aime, j’aime ! Il est vrai que la maladie a donné une dimension supplémentaire à la relation que j’entretenais déjà avec ceux que j’aime. 

Une mère qui vous tient la main à l’annonce du résultat de la biopsie, une amie de Paris qui prend un avion non pas pour visiter la région, mais pour passer tout un week-end à vos cotés, une grande soeur qui vous réchauffe les mains pendant que vous êtes dans ce box de chimio et durant lequel on vous met des gants en glaçon sur les mains et les pieds pour ne pas que la chimio vous ronge la peau, une petite soeur qui vous fait rêver en racontant de belles histoires de voyage, même si, vous savez qu’après votre conversation sur skype, elle se cache pour pleurer, un père qui demande à l’équipe soignante de ne pas vous apporter votre repas du midi car rien que de voir ce plateau : « ma fille, elle a la nausée, alors pardonnez moi, mais ne passez pas dans le box avec le plateau« , une amie qui compte chaque séance d’herceptin et de chimio avec vous, elle suit tout de très prêt avec tout son cœur, elle vous emmène prier et vous serre la main pour vous faire passer toute sa force, une autre encore qui est très lucide et vous conseille très vite d’aller acheter cette perruque pour très vite vous faire jolie dès le passage de la tondeuse…

Des gens, des mots rassurants, une belle équipe pour affronter, j’ai été très bien entourée. Je les remercie tous pour tout ça.

  • Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui vient d’être diagnostiqué de la même pathologie que vous ?

Je lui dirais, tu as le droit de pleurer un bon coup, de crier, de te défouler… Tu as le droit de poser toutes les questions, car aucune n’est et ne sera stupide. Tu as le droit d’avoir peur. Puis, après tout ça, trouve ta force et bats-toi ! Tu peux être plus forte que la maladie. Tu peux y arriver. Tout est possible dans la vie.

  • Quel message souhaitez-vous délivrer à la communauté de We are Patients ?

Je voudrais dire à la communauté bravo à tous pour vos combats. Ce combat nous lie tous et il ne faut rien lâcher. On mérite tous d’être heureux et de la maladie, nous pouvons en ressortir quelque chose de positif. C’est la vie qui gagne !

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