En Juillet 2019, Marine apprend qu’elle a un cancer du sein. Après 6 mois de chimiothérapie, elle décide de s’engager : elle créé l’association Senti’Mental et prépare un livre-BD humoristique où elle raconte son histoire.
- Présentez-vous
Je m’appelle Marine, j’ai 31 ans. Je suis maman d’un petit Mathéo qui va avoir 6 ans. J’habite à Albertville dans la montagne savoyarde. J’ai un cancer du sein ; 3 tumeurs et des micro-calcifications qui ont eu raison de mon petit 90B droit.
- Comment avez-vous été diagnostiquée ?
Cet été (juillet 2019) mon «amoureux » a senti une boule dans mon sein. Affolé, il m’a demandé de consulté mon médecin. En décembre, j’avais consulté mon médecin qui a estimé que la lourde fatigue que je ressentais était due à un rythme professionnel important ainsi qu’à mon statut de mère célibataire. En contrôle de cette boule, la radiologue a pratiqué une échographie… ensuite tout s’est enchaîné très vite.
- Qu’avez-vous ressenti ?
Je savais que je n’étais pas « juste » fatiguée mais je ne m’attendais pas à cela. L’annonce de mon cancer m’a été faite 4 jours après le 1er rdv avec ma généraliste. Cependant, le docteur David a su trouvé les mots justes « ce ne sera pas simple mais nous allons faire de vous une super grand-mère… il ne faut pas vous demander pourquoi moi ». Il m’a aidée et je ne me suis pas sentie dévastée, ni en colère mais forte et pleine de rage de vivre.
- Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Bien ! J’arrive au bout de mes 6 mois de chimiothérapie. Je suis toujours pleine de vie. Même les jours plus difficiles je garde en tête qu’il y aura un demain. Les traitements sont certes lourds mais là pour nous garder en vie et nous permettre de gagner des années.
- Qu’est-ce que la maladie a changé pour vous ?
Je dirai plus de légèreté dans ma vision de la vie. J’ai toujours été une femme très carrée qui planifiait tout. Je relativise davantage. Ma « do list 2020 » est très imagée, je suis plus indulgente avec moi- même et j’apprends à m’aimer.
- Votre hygiène de vie a-t-elle changée ?
J’ai toujours eu une bonne hygiène de vie donc pas de bouleversement mais des changements obligatoirement : fini les apéros dinatoires jusqu’à point d’heure ! Mais je continue à manger, boire (raisonnablement) et sortir. Je vais au sport (CAMI bien sûr !) 2 fois par semaine et j’estime que ça devrait être obligatoire dans le traitement.
- Êtes-vous engagée ?
Je suis en contact avec de nombreux malades. Via les réseaux sociaux, je soutiens et échange avec beaucoup d’entre eux. J’ai également créée une association dans la ville où j’habite. SENTI’MENTAL a pour objectif d’offrir des soins de support (art thérapie notamment) aux patients et aux aidants.
- Parlez-nous de vos projets
Les messages et encouragements reçus m’ont énormément portée. Je prépare donc un livre-BD humoristique dans lequel je raconte cette aventure. Il sera composé de dessins inédits. On y retrouvera ma vision de la maladie : moins dramatique, avec des yeux pleins d’espoir. Une façon moins poignante d’aborder le sujet du cancer ; je ne banalise pas : j’informe et je partage.
- La maladie a-t-elle renforcé vos liens avec vos proches ?
J’ai la chance de ne pas avoir perdu de proches. Du moins, j’ai pris le parti de me dire que ceux qui se sont éloignés n’étaient de réels proches. Je suis très entourée. Mes amies très proches ont fait un planning de garde pour m’accompagner en chimiothérapie (sur la 2ème partie de cycle). Ma famille a été extraordinaire avec mon fils et moi.
- Quel conseil donneriez-vous à un patient ?
On déteste qu’on nous le dise et pourtant… le moral c’est 80% du traitement. J’aime beaucoup dire « c’est un chapitre de ta vie ce n’est pas ton histoire ». Le cancer n’est pas la fin de quelque chose c’est l’espoir d’un après. Une maladie grave certes mais qui se guérit. Ne pas avoir honte, ne pas s’isoler et ne pas se renfermer : une vie avant, une vie après mais on n’oublie pas la vie pendant !
- Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la communauté We Are Patients ?
De ne pas oublier qui on est. La maladie ne résume pas notre vie ni notre personnalité. Avoir peur n’évite pas les choses. Profitons et vivons pleinement chaque instant.