J’ai l’espoir que ce weekend de trois jours vous a été agréable, que vous avez profité de votre famille en vous gavant, sans culpabilité on a dit ! Peut-être avez-vous même résolu l’éternelle question de « qui de l’œuf ou de la poule ? » Heureusement, diabète oblige, j’ai optimisé le temps non consacré à la quête du lapin et de ses confiseries disséminées dans le jardin, à la réalisation de ma chronique.
Après plusieurs numéros, aux travers desquels je vous relate les méandres de mon inscription à Secret Story, je rentre dans de plus amples détails ensuite. Avec en toile de fond le sujet épineux du don d’organes, cette chronique série vous explique minutieusement les rencontres, les questions, les peurs, les déceptions et tant d’autres sentiments auxquels j’ai du faire face avant d’intégrer la maison des secrets. Mes transplantations sont un peu comme des « résurrections », après Pâques c’est plutôt un bon thème non ?
16 Juin 2016, sonnerie de téléphone, numéro inconnu :
– « Allo ? »
– « Oui bonjour Athénaïs c’est … »
– Tut-tut-tut-tut…
Je vis désormais au rythme des tonalités de mon smartphone, qui lui raccroche régulièrement au nez des trop curieux. La plaine Saint-Denis est devenue le lieu de ma double vie, mon amant le plus secret. Il sait entretenir mon désir, mais franchement ça prend un temps fou d’entretenir une relation cachée, vous ne trouvez pas ? Avis aux amateurs, à bon entendeur…
Comme dans un couple, nous avançons à deux dans la même direction, c’est beau ou du moins je m’en persuade. Je me rends à un rendez-vous d’une importance capitale pour la suite des évènements.
Aujourd’hui je rencontre le directeur des programmes, entre autres.
Si pour le moment je gère ma vie de « James Blondie » comme je peux, avec beaucoup de fun, de joie et d’allégresse, j’essuie quand même quelques petites sueurs. J’oscille entre des moments d’angoisses – certes palpitants mais bon quand même – comme lorsque je reçois des coups de fils étranges par exemple. À contrario, d’autres terriblement frustrants puisque je suis condamnée au silence. Ne pas pouvoir raconter mes péripéties dans les moindres détails à qui je le souhaite, c’est un peu comme la promesse d’un voyage que l’on ne fera jamais : consternant.
Avec Arthur, on organise un vrai film en immersion composé d’une multitude de plans séquences, il est mon Spielberg à moi. S’organise alors, la production d’une sorte d’enquête exclusive « low cost », on fait avec les moyens du bord ! Nous sillonnons Paris dans son plus large spectre, jusqu’au département de l’Eure en passant par les Yvelines : 78 représente !
Reportage : Athé sous toutes les coutures. Je plains mon pauvre Arthur (qui finira par me régurgiter, mais ça, c’est une autre histoire).
Après Martine à la plage… Athé à la télé !
Les prémices de Secret story sont comme des préliminaires, tout aussi importants que la réalisation concrète et physique de l’émission. Diantre elle n’a pas osé ? Si.
C’est une véritable introspection. Je vais en apprendre beaucoup, autant sur mes capacités à rester discrète (surprenant) que sur mon implication pour le don d’organes (moins surprenant). Je dois montrer qui je suis, de manière totalement transparente, sans mensonge. Un comble pour quelqu’un qui devra par la suite, envers et contre tous, conserver son « secret ».
Un Chauffeur vient me chercher en bas de chez moi, belle berline et vitres teintées. Je n’ai pas dormi de la nuit, je suis totalement déphasée. Je ressemble à pas grand chose, pour ne pas dire à rien. Ce qui est problématique dans le fait d’avoir le cerveau qui baigne dans une collante fatigue, c’est qu’aujourd’hui, je vais être examinée de près… En plus de ma poignée de main avec Stan le directeur de l’émission, je vais devoir vivre deux épisodes pas super agréables. Qui est-ce qui va être analysée par une psychologue et une psychiatre ? Oui c’est moi, je suis « ra-vie ».
Tu me diras, moi qui ai toujours eu la trouille d’être cintrée, au moins après ça, j’aurai ma réponse. Mieux vaut connaitre la vérité plutôt que de se laisser aller à toutes sortes de pérégrinations ?!
Même concept que la première fois, arrivée en bas de l’immeuble, coup de fil pour prévenir Nani, coeur qui bat devant l’ascenseur, mais cette fois : joie ! J’apprends qu’on vient me chercher en bas. L’épreuve de moi seule dans cet ascenseur de malheur en moins, j’arrive en haut plus au sec sans les sueurs engendrées par mon amie la claustrophobie !
L’assistant de prod, avec son « smartpomme » collé à son oreille, mène la danse. On avance, on recule, on s’enferme, on se cache, on court et on marche. Les couloirs sont toujours aussi hauts perchés, pourtant cette fois ça n’est pas la même ambiance. Loin du calme presque effrayant de ma première venue, ici, plus nous avançons et plus le volume d’une musique se fait fort pour devenir bientôt assourdissant.
Je comprends assez vite que… je ne suis pas seule !
Ça me bouleverse de savoir qu’à coté de moi, à quelques centimètres, et derrière chacune de ces portes se trouvent des inconnus. Ces personnes que je ne connais pas encore vivent les mêmes épreuves et les mêmes délires. Comme moi, ils deviendrons peut-être les futurs habitants de la « maison des secrets » ! Imaginez le bouillonnement de questionnement dans mon esprit !
Retrouvaille avec la petite pièce à la vue sur Montmartre ! Contrairement à la première fois où j’ai cru me momifier avant d’être rejoins par Éléonore, entre au bout de 10 minutes, une femme, grande, mince plutôt jolie, on va discuter. Ça tombe bien j’adore ça… Sauf que là, j’ai une boule de bowling dans la gorge. Je sais qu’elle va me questionner sur ma vie et sous cet angle ci, je ne sais pas pourquoi, je suis vachement moins à l’aise. Nan mais tu veux pas qu’on aille se balader plutôt, petit restau en terrasse tout ça ? Ok, j’ai compris pas le choix. Je ravale tant bien que mal l’objet lourd et rond : strike ! Direct dans ma glotte, j’affronte le moment.
Je vais passer le test de Rorschach : Quèsaco ?
Vous ne connaissez pas ce fameux test, avec des tâches de peinture symétriques, dont vous devez faire l’analyse ? Il est élaboré par le psychanalyste Hermann Rorschach en 1921, petit moment d’histoire (je l’apprend en même temps que vous). « Libre » interprétation disaient-ils… Sauf que si t’imagines que dalle, c’est pas génial et si tu vois des trucs glauques, c’est la camisole.
Voilà. Relax Athé, tranquille.
Là, j’ai vraiment l’impression d’être dans un film version plan américain – oui les blockbusters, c’est du cinéma – genre Will Hunting, sans le génie ou Rain Man, sans les cure-dents. Après avoir comparé ces taches informes à toutes sortes d’animaux merveilleux tout droit sortis de Disney – petit rire niais – (c’était pas du tout ça ce que je voyais moi, mensonge ? Oui. C’est mal.)
Premier niveau : psy numéro un, check.
Nouveau niveau, nouvelle « ennemie ».
Après cette mise en bouche, j’affronte le « boss » : la psychiatre.
J’en mêne pas large.
Je n’en reviens pas, je suis pas folle, comme quoi quand on veut, on peut. Ne voyez pas de lâcher prise ici, j’ai tenu bon, je me suis battue comme un lion ! En même temps la psychiatre était vraiment adorable. Nous avons plus parlé de la vie dans son concept général et du don d’organes, que de moi.
Cette femme m’a regardé, m’a souri, je crois qu’elle avait compris…
Maintenant que vous savez que je suis à peu près saine d’esprit, je me languis de vous conter la suite. Petites prémisses : j’ai même eu le privilège d’avoir une info confidentielle grâce à ce formidable médecin. C’était interdit mais chut, c’est notre petit secret… On se retrouve mercredi prochain, en attendant portez-vous bien !
PS : Oliver n’a pas fait de crise de foie à cause du chocolat, il se porte à merveille !
Olivers’ment vôtre
Athénaïs