Johanna : « Je pense que quand ils m’ont vue arriver, ils ne pensaient pas me sauver »

En décembre 2010, Johanna a 21 ans, elle est en deuxième année d’école de journalisme à Paris. La fatigue se fait sentir, et elle a un bleu sur chaque tibia qui ne se résorbe pas.

C’est simple, nous explique-t-elle, chaque mois il m’arrive un truc !

Un peu plus tard, elle perd 35% d’audition à l’oreille droite. Son médecin de famille lui fait faire des examens : « rien d’anormal selon lui ».

En avril 2011, la jeune étudiante rejoint sa mère, qui vit dans le sud de la France, pour les vacances. « A ce moment-là je découvre que j’ai une boule sous le bras ».
Johanna retrouve Paris et les cours de journalisme, toujours fatiguée. « Fin mai, je fais un barbecue avec mes amis et au moment de ranger, je suis tellement épuisée que je n’arrive pas à empiler deux chaises en plastique ! ».

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Johanna pense qu’elle travaille trop, c’est la fin de l’année, elle espère pouvoir se reposer pendant les vacances. Mais dans la nuit, elle a beaucoup de fièvre.

Le lundi qui suit, son beau-père l’envoie voir un ami à lui, médecin dans une clinique en région parisienne. « Je refais une batterie d’examen, c’est simple ce que j’avais fait en six mois, il me le fait faire en une journée », se souvient la jeune femme.
A la fin de la journée, le diagnostic tombe : c’est un lymphome hodgkinien de stade 4. Les poumons sont touchés.
Johanna va être suivie à Marseille à « l’IPC », « je pense que quand ils m’ont vu arriver, ils ne pensaient pas me sauver ».
Les cures de chimiothérapie commencent au début de l’été 2011 : « Mon corps a mal supporté les traitements. A chaque chimio je suis en aplasie. Tout est douloureux à ce moment-là ».

Johanna est une jeune femme de caractère ! « J’ai été un peu difficile à vivre, je le reconnais, mais c’était très dur à gérer pour moi. Quand j’ai été diagnostiqué, j’ai dit une chose horrible à ma mère : ‘ pourquoi moi ? Pourquoi ceux qui m’ont fait chier, mis plus bas que terre dans ma vie, pourquoi ce n’est pas à eux que ça arrive ?’ C’est horrible de dire ça, parce que aujourd’hui je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu, même pas à mon pire ennemi. Mais j’ai eu des phases de colère un peu incontrôlables. »

Dans ces moments, Johanna peut compter sur sa mère, toujours présente.

J’ai été H24 avec elle, j’étais redevenue un petit bébé. Ça a vraiment changé notre relation, notre façon de vivre, de communiquer, c’est devenue une amie.

Les traitements terminés, Johanna va mieux. La jeune femme s’est bien battue ! Et elle reprend les cours en janvier 2012. Son école a une filiale à Marseille, « ça tombe bien ». Elle rentre dans ce nouvel établissement avec 13 kilos en trop, bouffie par la cortisone et la boule à zéro. Pas simple.

Dans sa classe tout le monde l’aide. Elle rattrape les cours qu’elle a manqués pendant son traitement. « Je crois que j’attire la sympathie avec ma tête ! »
Un an après Johanna a son bachelor de journalisme en poche : « je suis ravie! »
Elle se reconstruit peu à peu, trouve du travail en « free lance ».

Quatre ans après, la jeune femme va bien. Le lymphome, elle en parle encore, bien sur. Son oncologue la met en relation avec de jeunes patients atteints de lymphome : « Je les rencontre, on discute, je leur montre qu’on peut guérir. Moi ça m’a manqué pendant mes traitements, je n’ai vu personne de mon âge. »

A la fin de ces traitements, Johanna fait la connaissance de l’association FLO : « on est une petite bande à avoir vécu la même chose, on aime bien se réunir, partager, on a construit de solides relations ». Aujourd’hui, Johanna, pleine d’espoir pour l’avenir, explique que le lymphome l’a profondément changé : « finalement c’est la meilleure chose qui me soit arrivée, je me sens quelqu’un d’autre. En mieux ! »