Élise : « Je sais que j’ai eu de la chance de ne pas avoir de complication »

Élise a 8 ans quand elle apprend qu’elle est diabétique, et pour elle, rien de plus normal : « J’ai une sœur jumelle qui elle a été diagnostiquée à 4 ans. Je devenais donc comme elle, ni plus, ni moins. »

De sa petite enfance de diabétique, Élise se souvient qu’elle a dû apprendre à faire « les piqures d’insuline toute seule ».
Au collège et au lycée, elle avoue avoir beaucoup délaissé son diabète : « Quand on était petites, nos parents géraient tout. Il fallait tout peser, cacher les sucreries. Mais quand on est devenues ado ils ne nous ont pas vraiment transmis le flambeau. Alors on faisait un peu n’importe quoi ! J’avais des glycémies hautes parce que je mangeais ‘des cochonneries’ en cachette. Du coup après on doit mentir, mettre de faux résultats dans nos cahiers de glycémie pour le médecin. Aujourd’hui, je sais que j’ai eu de la chance de ne pas avoir de complication ».

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Au collège, Elise se souvient que les professeurs ne voulaient pas l’emmener en sortie scolaire, « par crainte ».
Ses copains et ses copines savent qu’elle est diabétique sans comprendre vraiment ce que cela signifie.

Je ne me suis jamais cachée, je faisais mes glycémies et mes piqures d’insuline devant eux. Parfois, ils me demandaient de prendre leur glycémie, j’en faisais 15 par récréation !

Élise obtient son Bac S en 2010 et s’oriente vers un BTS en diététique. « Au même moment, nous apprenons que mon papa est diabétique lui aussi ! Il me fait rencontrer un nouvel endocrinologue. J’ai alors 20 ans et grâce à lui, je prends conscience qu’il faut que je fasse attention. Il me propose la pompe à insuline mais je suis encore dans le déni du diabète, alors je refuse. »

Pendant ses études, Élise fait un stage au sein d’une maison du diabète, « j’ai monté tout un programme de nutrition pour les diabétiques de type 2 ». Elle comprend surtout l’importance de l’alimentation dans la gestion du diabète.
Elle obtient son BTS en septembre 2013 et, au même moment, elle se sent prête pour « la pompe ».

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« Je fais donc un stage d’insulinothérapie fonctionnelle, on y apprend à compter le sucre. »

Je trouve qu’en 10 ans, la prise en charge des patients diabétiques a beaucoup changé, maintenant la diététique est au cœur du traitement. Pour les enfants aussi maintenant c’est différent.

Et la jeune femme sait de quoi elle parle !

Depuis janvier 2015, elle est diététicienne dans un grand hôpital de Marseille, au service endocrinologie : « Je m’occupe d’un programme d’éducation avec des enfants diabétiques entre 7 et 15 ans. Aujourd’hui on leur explique tout : le diabète, le pancréas… Ils voient une diététicienne qui leur explique comment manger de tout et un psychologue aussi. Rien à voir avec ce que j’ai connu enfant ! »

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Avec sa pompe à insuline, Élise se sent « comme une personne normale » et gère bien son diabète.
« Les gens me disent souvent ‘il a l’air sympa ton lecteur MP3’ en parlant de la pompe ou alors ils ne la voient pas. Ils ne font pas attention ».

Étant devenue une professionnelle du diabète, Élise a voulu transmettre son savoir. Elle crée donc sa chaîne You Tube l’année dernière : « Diab’aide ». Vous y trouverez tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le diabète, de façon très pédagogique.

Élise a parcouru énormément de chemin depuis l’annonce du diagnostic en 1999. Et aujourd’hui elle se sent bien. « Finalement, c’est comme si j’étais née diabétique, je n’ai pas vraiment de souvenir avant. Ça fait partie de moi ».