INTERVIEW. Assouan : “Papa, je veux construire un hôpital où on peut traiter cette maladie qui me fatigue.”

Assouan est ivoirien, ce père de famille a malheureusement perdu l’une de ses filles, décédée d’une tumeur cancéreuse à l’âge de 5 ans. Depuis, il milite au sein de l’organisation qu’il a fondé : “Cancerostop”.

Présentez-vous ? 

Je m’appelle Assouan et j’ai 39 ans. Je suis de nationalité Ivoirienne et père de 6 enfants : 3 garçons et 3 filles. J’ai perdu une de mes filles, décédée à l’âge de 5 ans à la suite d’un Rétinoblastome : une tumeur cancéreuse de la rétine.

Qu’est-il arrivé à votre petite fille ? 

Ma fille Gnanguia Tatiana dit Fatima, était atteinte d’un Rétinoblastome, à l’âge de 4 ans. La maladie a été dépistée tardivement et malheureusement elle n’a pas survécu. Nous n’avions jamais imaginé que le cancer puisse toucher aussi les enfants. On soupçonnait encore moins l’existence d’un cancer qui puisse atteindre les yeux des tout-petits. Certains membres du personnel soignant, semblaient eux aussi ignorer les signes avant coureurs de cette maladie grave. Ma fille avait complément perdu la vue au niveau des deux yeux malgré le fait que son œil droit semblait lui normal, mais la maladie était avancée. Fatima est décédée le 29 Mai 2011.

Qu’est-ce que Cancerostop ? 

“Cancerostop” est une Organisation non gouvernementale, créée en 2011 en Côte d’Ivoire par des parents d’enfants ayant été confrontés au cancer.

Parlez-nous de votre engagement ? 

Nous nous sommes engagés à faire du cas de notre défunte petite fille, une cause permettant de prévenir et de sauver ses frères et sœurs du monde entier. L’idée est venue d’elle-même lorsqu’elle me disait

Papa si je grandis je vais construire un hôpital dans mon village où on peut traiter cette maladie qui me fatigue.

Près de 90% des parents d’enfants malades avec qui nous avons échangé pendant les rendez-vous de Chimiothérapie, étaient eux aussi victimes de la même situation. Nous avons compris qu’il fallait réagir le plus rapidement possible pour changer les choses. Cela supposait notamment d’impliquer toute la population dans la lutte contre cette maladie, afin de sauver les autres enfants. Si rien n’était fait, c’était terrible et irresponsable de notre part. 

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Cancerostop a donc pour objectif d’œuvrer pour le diagnostic et la prise en charge à un stade précoce de toutes les formes de cancer de l’enfant.

Quel est votre défi aujourd’hui ? 

Nous avons un véritable plan d’action et nous sommes convaincus que Cancerstop pourra soulager les familles. Cependant, nous rencontrons beaucoup de difficultés d’ordre financières et matérielles pour la mise en œuvre concrète de ce projet. 

Quel conseil pourriez-vous donner à un parent qui a un enfant souffrant d’un cancer ?

Tout parent doit savoir que le cancer n’a pas de frontière. Les enfants sont innocents, ils pensent que nous sommes leurs protecteurs. Que faire lorsqu’un parent ignore l’existence même du cancer ? Il est donc primordial que chaque famille se renseigne sur les premiers signes de la maladie, afin d’avoir la capacité d’établir un diagnostic et de tout mettre en oeuvre pour la soigner.

À défaut de cela, il faut toujours avoir comme premier réflexe de se présenter devant un professionnel de santé pour tout cas qui vous semble suspect. Plus le dépistage est précoce, moins le traitement est lourd pour l’enfant, moins il est onéreux et moins il est fatiguant pour les parents et le personnel soignant.