Isabelle : « Je sais que je ne vais pas mourir ! »

« Quand les médecins me disent que je suis diabétique je suis ravie parce que je sais que je ne vais pas mourir ! ».
Isabelle nous raconte en souriant ce souvenir qui la ramène 14 ans en arrière.
A l’époque la jeune femme est archéologue en Grèce, à Athènes.

« Je pensais sincèrement que j’allais mourir, j’avais perdu 10 kilos, je trouvais que l’eau avait mauvais goût. Plus le temps passait moins ça allait. Je vomissais et je ne pouvais manger que de la soupe et boire de l’eau gazeuse. »

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Isabelle rentre en France, et après avoir consulté «au moins 5 généralistes», elle rencontre « un jeune médecin » qui comprend ce qu’il se passe, et l’envoie aux urgences.
Résultat des examens sanguins : la jeune femme a 5,84 grammes de sucre dans le sang ! Elle est envoyée en réanimation.
Quand le médecin chef lui rend visite il glisse cette phrase à ces internes : « Je n’ai vu que 2 personnes dans ma vie arriver ici avec ce niveau de résultat sanguin : un rachitique du Bénin et cette jeune femme ! »
Une phrase gravée dans la mémoire d’Isabelle :

 à ce moment là, j’ai vraiment compris que j’avais frôlé la mort .

Mais la jeune archéologue est soulagée, « c’est une maladie contraignante, chronique mais on peut vivre avec et j’allais pouvoir la partager avec d’autres personnes ».

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Une chose l’inquiète cependant : va-t-elle pouvoir avoir des enfants ? Les médecins la rassurent et Isabelle part retrouver ses chantiers en Grèce.
« J’étais suivie par une diabétologue sur place, et 4 mois après avoir appris ma maladie je rencontre mon futur mari. » Ils se marient en 2002 et rentrent en France, à Paris, en 2005.

 Et là je décide de faire un bébé sans avoir préparé la grossesse

Isabelle s’empresse de nous préciser qu’il vaut mieux bien s’y préparer. Etre accompagné par son médecin.
Aujourd’hui mère de 3 enfants, elle avoue avoir vécu sa troisième grossesse de façon beaucoup plus « cool ». Elle savait à quoi s’attendre et puis un élément a changé sa vie : « je me suis mise à compter les glucides ».

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Et ce n’est pas arrivé par hasard. Après la naissance de Louis en 2006, une idée germe. « Avec des copines diabétiques on s’est dit que ce serait bien d’avoir un lieu privilégié pour pouvoir discuter de nos quotidiens. On s’est rendu compte que toutes les ressources auxquelles on avait accès sur internet étaient anxiogènes. On voulait créer du positif ».
Ces bonnes volontés prennent la forme d’un forum puis d’une association en 2007 : les femmes diabétiques .

Grâce au forum, et aux rencontres faites via l’association, Isabelle décide de « passer à la pompe » à insuline.

Ça a totalement métamorphosé ma gestion du diabète. J’ai fait un jeûne glucidique, et appris à compter les glucides. A ce moment là, je découvre enfin quelle diabétique je suis. J’ai alors 34 ans.

En 2008, une petite Mathilde vient agrandir la famille, « une grossesse beaucoup moins anxiogène, surtout grâce à la pompe ». Suivie par Alexandre en 2011.

Les enfants grandissant des questions apparaissent : « pourquoi tu manges et pas moi ? Pourquoi t’as des bonbons dans ton sac ? etc… On décide donc d’écrire un livre pour expliquer le diabète aux enfants dont les mamans souffrent de cette pathologie. »
Un livre illustré par Isabelle, qui entre temps a laissé tomber l’archéologie pour se consacrer à son nouveau métier de peintre illustratrice.

Aujourd’hui, Isabelle se sent une maman comme les autres : « ça ne change rien pour mes enfants, à part que maman a des amies diabétiques qui elles aussi sont sous pompe à insuline et ont un lecteur dans leur sac ».